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Planète Terre ?

Nous vivons sur une planète que nous nommons Terre. Elle devrait en fait s’appeler Eau. En effet, 71% de la surface du globe correspond à l’océan d’où toute vie est issue. Le bipède nombriliste qu’est l’homme aurait sans doute revu son lexique s’il avait des nageoires… !
Gilles Bœuf, biologiste marin, rappelle que « l’océan est unique et continu, aussi mieux vaut-il parler de l’océan plutôt que des océans, c’est l’humain qui a mis des limites ou des frontières sur les cartes, mais elles sont totalement artificielles ! » Oui, les hommes ont donc même mis des frontières là où – moins qu’ailleurs encore – elles étaient nécessaires. Déjà une « appropriation » de l’eau... L’eau salée de l’océan représente 97% du volume global de l’eau du globe. L’eau potable n’en représente donc que 3%. Cette rareté de l’eau potable a toujours été un enjeu par lequel des hommes ont voulu en dominer d’autres. De nombreux points de tension dans le monde ont comme origine une bataille autour de l’eau. Au Moyen-Orient, le plateau du Golan est au cœur des conflits. La Palestine, elle, est privée d’eau. Un Israélien dispose en moyenne de quatre fois plus d'eau qu'un Palestinien. La question du partage de cette ressource reste déterminante pour aider à la paix… ou à la guerre. Les braises brûlent aussi sous l’eau du Nil entre Égypte et Éthiopie comme partout dans le monde (lire AE n°44 « les guerres de l’eau », 10/2016). Certes, tant en Afrique du Sud qu’aux États Unis, le temps, n’est plus celui des lavabos aux robinets « White » et « Black », même si par ailleurs les discriminations n’ont pas vraiment disparues… Mais l’eau reste toujours un enjeu de domination. Aujourd’hui économique. Les multinationales se sont emparées de l’eau comme elles le feraient avec toute marchandise. Lire justement le combat des habitants de l’Oregon contre Nestlé. Les luttent locales pour la remunicipalisation de l’eau sont de plus en plus nombreuses sur tous les continents et les victoires se multiplient. Même s’il faut parfois des décennies pour que les habitants aboutissent face à des communes souvent complices des multinationales. A Toulouse, Eau-Secours 31 se bat depuis 2003. Ces luttent victorieuses prouvent-elles que nous sommes en train de changer de paradigme sur la question de l’ »eau bien commun » ? Il est vrai qu’en 2010, après quinze années de débat sur la question, l’Assemblée générale de l’ONU a reconnu l’accès à une eau de qualité et à des installations sanitaires comme un droit humain (1). L’eau « bien commun » de l’humanité ? Le chemin est encore long… Plus de deux milliards de personnes n'ont toujours pas accès à l'eau potable ! Des associations œuvrent néanmoins dans l’ombre et souvent au sein de conflits armés comme Via Sahel.
L’océan, lui, est en alerte comme il ne l’a jamais été. Jamais pris en compte, malmené, poubelle sinon poubelle nucléaire pour certains états. Rappelons que c’est seulement en 2015, à Paris, lors de la COP 25 que le mot « océan » est apparu dans le texte officiel de clôture d’une COP. Il a fallu deux décennies pour y parvenir ! Gilles Bœuf nous rappelle pourtant que «  l’océan a absorbé 93% de l’excédent d’énergie résultant de l’augmentation de l’effet de serre due aux activités humaines depuis deux cent cinquante ans alors que l’atmosphère n’en a absorbé que 1% et les continents 3%. » Il devrait donc être au cœur de toutes nos attentions. Même si des mouvements comme Surfrider Foundation Europe se pose en vigie des océans, les coraux souffrent, l’extraction exponentielle du sable contribue à la mise en danger des écosystèmes et la surpêche épuise et détruit ; lire aussi le travail de premier plan de BLOOM pour la protection de l’océan.

Notre avenir commun passe par la préservation de toutes les ressources en eau. Océan et eau douce. Sur les 3% d’eau douce, 99 % sont très difficilement exploitables : 77 % sont gelés au niveau des calottes polaires et dans les glaciers de montagne et 22 % sont profondément enfouis dans le sous-sol. Au bout du compte, moins de 1 % de l'eau sur Terre est de l'eau douce sous forme liquide et donc disponible (2). Et l’eau douce préservée n’est pas uniquement celle du robinet coupé pendant le brossage des dents. Toute l’industrie (alimentaire ou pas) impacte énormément la réserve en eau. Le coton est le 3ème consommateur mondial d'eau d'irrigation. Il représente 2,5 % des surfaces cultivées dans le monde. Mais c'est le 3ème consommateur d'eau d'irrigation de la planète après le riz et le blé. Selon les techniques utilisées, il faut entre 5 400 et 19 000 litres d'eau pour produire 1 kg de coton (un jean, par exemple plus ou moins 8 000 litres contre 2 500 pour un tee-shirt) (3). Ceci pour n’évoquer que l’industrie du vêtement.
Gilles Bœuf interroge : « pourquoi a-t-on si longtemps oublié l’océan ? Probablement parce que c’est un bien commun irremplaçable, sans élus et sans électeurs ! »
Il est désormais urgent de voter pour la planète Eau.

Alters Echos

(1) Si la résolution proposée la Bolivie a été acceptée sans opposition par une grande majorité des membres de l’Assemblée, 41 Etats se sont toutefois abstenus lors du vote. Sans surprise, les Etats industrialisés étaient surreprésentés parmi ceux qui se sont abstenus. Pas étonnant en effet si l’on songe que l’heure est aujourd’hui dans nombres de ces pays à la promotion de la privatisation de l’eau et aux restrictions des budgets d’aide au développement.    
(2) Source : « Expédition 7ème continent »
(3) Sources : Institut National de la Consommation et YOCTY

SOMMAIRE

DOSSIER : L'EAU
-"En faisant de l’eau une source de profits, on vole la vie" Riccardo Petrella, fondateur du Comité International pour le Contrat Mondial de l’Eau
-"«Rivières volantes» d’Amazonie: le voile commence à se lever" Alters Echos
- "Comment le comté de Hood River a empêché Nestlé d’embouteiller
l’eau publique" Emily Skeehan
-"Comment ça marche l'océan" Catherine Jeandel, océanographe géochimiste
-" Surfrider Foundation Europe, protège l’océan depuis 1990", Sabina Hourcade et Marc Valmassoni
-"Bloom protège les écosystèmes marins", l'équipe de Bloom
-"Des coraux en grand danger", Alters Echos
"Le nucléaire et l'eau", Olivier Petitjean
"La disparition du sable", Philippe Samson
"L'eau-céan", Michel Sparagano, philosophe-skipper
"Sahel: l'eau et la guerre", Yannick Dignac, président Via-Sahel-Toulouse

HORS DOSSIER:
-page consacrée à une asso : l'association Racaille. Faites connaissance avec Racaille, une asso qui est une véritable boîte à outils pour vos projets
-Contresens "Monopoly (bis)", Philippe Samson, sur le "Monopoly-Ariège !"

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