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Vous n’y connaissez rien en royauté et en nudité ? Alors, passez votre chemin. C’est comme ça : il faut savoir tenir modestement sa place. On ne peut pas avoir un avis sur tout, vous n’avez qu’à demander à ceux qui savent.
Ca y est, je l’aurai parié : j’en entends déjà qui protestent. Bon, ok. Ca peut s’arranger.

Ce texte s’adresse aussi à vous si vous êtes dans l’un des cas suivants (ou assimilés) :
-    Vous n’êtes pas économiste ET vous avez votre petite idée sur la réduction de la dette publique ;
-    Vous n’êtes pas démographe ET vous considérez la prétendue nécessité de reculer l’âge de la retraite comme de l’enfumage ;
-    Vous n’êtes pas environnementaliste ET vous estimez qu’il y a urgence à agir contre le réchauffement climatique.

Vous restez ? C’est très bien, je suis sûre que vous allez suivre. Pour vous faciliter la tâche, voici un résumé qui brosse dans ses grandes lignes la thèse subtile développée dans le très célèbre mais aussi très ardu (réservé aux initiés, donc) conte de ce penseur difficile que fut Hans Christian Andersen* :

Deux petits filous rusés se présentent à la porte d’un roi. Ils lui expliquent qu’ils peuvent lui faire un costume dans une étoffe très précieuse et très rare — très chère aussi, bien entendu, et qui demande un savoir-faire dont eux seuls disposent — qui a de plus une particularité unique, et très utile à un roi : les imbéciles ne la voient pas. Les voici aussitôt embauchés par le roi, et au bout de quelques semaines — peut-être lassés de la vie de château — ils annoncent que le costume est prêt. Le roi se déshabille pour les essayages. Après un moment de panique intérieure qui les fait tous verdir un peu — « Serais-je donc un imbécile ?? » se murmure chacun in petto —, les courtisans s’extasient dans un bel unisson. Quelle étoffe, Majesté (laquelle se relève tout juste des mêmes affres), et comme elle vous sied ! Il est donc décidé que le roi paradera dans sa capitale, afin de dispenser un peu de ce spectacle mirifique au bon peuple ; lequel se tient aussi bien que les courtisans. Au milieu du concert de louanges et d’admiration, une petite voix flûtée se fait entendre. C’est un gamin, qui s’exclame « Mais il est tout nu ! ».

Travaux pratiques

•    Quand tous parlent d’une seule voix, cela signifie-t-il qu’il y a forcément un peu de vrai là-dedans ?
(Question subsidiaire : D’après vous, le roi était-il un peu habillé ?)

•    Le gamin a-t-il poussé son exclamation parce qu’il voulait faire l’intéressant ?
(Question subsidiaire : Faut-il nécessairement avoir un ego surdimensionné pour dire ce qui semble vrai ?)

Exercice de rattrapage n° 1

•    Soit un pays, la France, dans lequel il y a en moyenne annuelle 2 437 000 cas de « grippe saisonnière », avec un minimum de 787 785 cas et un maximum de 4 622 748 cas ; (D’après les données publiées par le réseau Sentinelles en France — données recueillies depuis 1984 ; accessibles en ligne http://www.sentiweb.fr/?page=epidemies) ;

•    Soit un monde bleu comme une orange, pour lequel on déclare « au 06/04/2020 (source ECDC) 1 244 421 cas confirmés dans le monde depuis le 31/12/19 dont 582 554 en Europe » (Données relevées le 06/04/2020 sur le site santepubliquefrance.fr : https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-et-infections-respiratoires/infection-a-coronavirus/articles/infection-au-nouveau-coronavirus-sars-cov-2-covid-19-france-et-monde)

Question :

L’épidémie — pardon : la pandémie de Covid-19 compte-t-elle un nombre faramineux de cas ? (Question subsidiaire : Le roi était-il revêtu de ses plus beaux habits ?)

Exercice de rattrapage n° 2

•    « En moyenne, on estime qu’environ 10 000 décès [en France métropolitaine] sont attribuables à la grippe chaque année » (Bulletin de surveillance de la grippe : 160871_bulletin-grippe-s15-bilan.pdf, accessible en ligne depuis santepubliquefrance.fr)
•    En 2016-2017, la grippe a causé 14 400 décès en France (en 10 semaines d’épidémie), soit 44% de plus que la moyenne annuelle (même source que ci-dessus)

Question :
Y a-t-il eu des mesures de confinement en 2016-2017 ?
(Question subsidiaire : Avez-vous un vague souvenir de cette forte mortalité d’origine virale cette année-là ?)


Épilogue

Nous sommes en guerre. Nous qui ne savons pas, nous ne voyons pas l’ennemi. Mais les experts le voient, et il est très dangereux. Heureusement, heureusement ! des médicaments et des vaccins sont en cours de préparation. Tout se passera bien, si on fait comme on nous dit.
C’est ça ! Et faudra voir à tâcher de garder cette bonne habitude pour après.
Continuer à nous comporter comme on nous dit de le faire en face de trucs que nous ne voyons pas et que nous ne comprenons pas. C’est bon, ça, pour l’unité nationale. Rester modestes, à notre place.Si, au point où vous en êtes, vous avez envie de vous distraire un peu, allez donc écouter le Dr Wolfgang Wogard au lien ci-dessous. Président de la Commission Santé du Conseil de l’Europe, il avait initié une enquête sur l’influence des firmes pharmaceutiques, soupçonnées d’avoir, lors l’épidémie de H1N1, exercé une influence abusive sur les gouvernements et l’OMS en vue de répandre et amplifier les craintes . Vous n’en aviez pas entendu parler ? Moi non plus. C’est ça, quand on ne sait pas, on laisse ce genre d’arguties aux experts et aux spécialistes.
    Aujourd’hui, Wolfgang Wodarg réclame une enquête similaire concernant l’épidémie de COVID-19. Peut-être que voilà un spécialiste expert auquel nous qui ne savons pas grand chose pourrions tenir compagnie.

Et si sa compagnie vous plaît, allez l’écouter à cet autre lien ci-dessous (sous-titrage anglais), où il parle du roi qui est nu.

Dominique Girardot, 06/04/2020

Tag(s) : #Alters Echos
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