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En mars de cette année là, je me demandais quoi faire, et on m’a proposé un voyage chez moi, histoire de peaufiner ma compréhension non des choses et des gens, mais de moi-même. Comme sujet d’étude j’aurais préféré mieux, mais le décor était posé et la commande impérative. Saisir ma réalité humaine et réfléchir celle de la civilisation ; tu parles d’une ivresse !

Je fais le tour de mon deux pièces : personne à part moi, je regarde par la fenêtre, personne dans la rue ; il y a bien quelques oiseaux qui volètent et des bourgeons qui bourgeonnent, seuls signes de vie aux alentours ; et moi qui sais encore marcher, regarder, mais qui depuis ne parle plus, n’entends plus, ne rit plus. Pourquoi chroniquer si ce n’est pas essayer de se maintenir en vie et d’en maintenir l’envie ? Mais puisque c’est une commande, j’en pourrai faire une thèse, n’est-ce pas docteur ? Le vide, faut le remplir, comme si la nature en avait horreur, mais pas du tout, elle s’en accommode très bien du vide, la nature, mais c’est pas dans ma nature de m’accommoder du rien, il faut remplir le temps et l’espace, et j’ai tout le loisir de le faire jusqu’à très loin devant moi. Le loisir parce que je ne suis pas réquisitionné par un emploi crucial, inutile donc socialement, et donc sans obligation pressante. Je croyais pourtant salutaire d’écrire et musiquer*. Restons donc à la maison, ce lieu central du système-à-maison, si habilement concocté pour nous dans une civilisation qui nous a ôté de la rue, retiré de la nature, enfermé entre quatre murs. On y est.

* suite à l’épisode 2.

Yves Proal

 

Tag(s) : #Tristes chroniques
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